Réchauffement climatique. Mais que pouvons-nous y faire ?

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Le réchauffement climatique est bien là, et l’espoir est désormais mince d’éviter tous ses effets. Peut-être est il temps de s’y préparer.

Dans mon dernier article, un peu obscur, consacré au « biais de data-mining » (que vous devriez bien sûr lire malgré son titre, voir ici ), j’ai illustré mon argumentation en donnant comme exemple la manière erronée dont les journalistes relatent constamment les phénomènes météorologiques extrêmes. Pour résumer, j’expliquais que si la régularité croissante des vagues de chaleur et de gel extrêmes est probablement une conséquence du réchauffement climatique, une unique occurrence de ces phénomènes n’est absolument pas suffisante pour prouver quoi que ce soit.

Entre-temps, l’été est passé sur l’hémisphère nord et il a fait chaud. Sacrément chaud ! Et même si ce nouvel épisode ne prouve toujours rien à lui tout seul, cela m’a quand même fait réfléchir au réchauffement climatique. Et je suis sûr que c’est aussi votre cas.

Car le réchauffement est bien là. Plus aucun doute. Ce qui était autrefois une simple théorie scientifique est devenu il y a quelques décennies une question politique de premier plan. Désormais, celui-ci est devenu une réalité effrayante et matérielle pour nous tous.

Face à cela, nous sommes un nombre croissant de personnes de bonne volonté désireuses de réagir. Je pense, comme beaucoup d’autres, que le réchauffement climatique est une réalité. Je suis, comme beaucoup d’autres, convaincu que son origine principale est humaine. Enfin je souhaite, comme beaucoup d’autres, réagir.

Mais voilà le problème.

Que puis-je y faire? Je veux réagir et agir mais, seul, je me sens dépassé. Alors que puis-je vraiment y faire?

Car que je me sens insignifiant, impuissant dans cette lutte.

Pourquoi ?

Le réchauffement climatique est maintenant prédit et observé depuis plus de 100 ans et aucun consensus politique assez fort pour le contenir n’a encore été trouvé. L’accord, très honorable quoique modeste, de la COP21 a été balayé d’un revers de main par Donald Trump et ses partisans. J’espère bien sûr que celui-ci renaitra de ses cendres, mais pour l’instant il n’y a pas d’autre accord en vue.

Même si nous réussissions enfin à sceller un accord global, contraignant et respecté, de réductions des émissions, cela ne nous permettrait probablement pas d’arrêter le réchauffement, mais simplement de le ralentir. Et je ne parle même pas d’un possible retour à la « normale » préindustrielle.

En plus de cela, plus de chaleur signifie, parmi de nombreux autres effets pervers, plus de feux de forêt (qui libèrent une quantité importante de CO²) et un besoin accru en air conditionné, ce qui signifie une production d’énergie plus élevée et des émissions supplémentaires de CO² tant que le mix énergétique reste très carboné. Le réchauffement climatique peut donc même donner l’impression de pouvoir s’auto-alimenter. Déprimant.

Quand, face à cela, je réfléchis à ce qui bloque la voie vers un tel accord, je réalise que je suis en réalité très partial en la matière. Car je suis riche ! J’ai de la nourriture, de l’eau, un accès à des soins médicaux de qualité et un toit sur la tête. Et je me demande bien si nous pourrons trouver un consensus tant que tout le monde n’aura pas la même chance. Les personnes qui n’ont pas assez d’eau ou de nourriture ne se soucient pas vraiment du réchauffement de la planète, ils ont des préoccupations plus immédiates, et je pense que c’est parfaitement compréhensible.

Nous leur disons: « Attention, nous laissons à nos enfants un monde où il ne ferra pas bon vivre dans 100 ans! ».

Ils nous répondent: « OK, mais mes enfants n’auront peut-être pas assez d’argent pour acheter de la nourriture dans six mois, alors je vais m’occuper de cela d’abord, d’accord ? ».

Enfin, quand je regarde les chiffres, je doute sincèrement que ma modeste participation soit plus que cosmétique. Acheter des voitures économes en carburant, faire du vélo, utiliser les transports en commun, limiter la climatisation en été ou le chauffage en hiver, isoler mon appartement, consommer moins de biens et produire localement…

Tout ce qui m’a été désigné comme utile me semble un peu futile quand je vois qu’un enfant chinois né aujourd’hui va « émettre » environ 8 tonnes de CO² par an, et que chaque nouveau-né américain « émettra » environ 16 tonnes de CO² par an, alors que mon petit effort ne permet, je suppose, d’économiser que 1 ou 2 tonnes par an au maximum sur les 5 à 6 tonnes par an que j’émets en moyenne en tant que français.

En résumé: à quoi bon essayer de limiter mes propres émissions et espérer une solution, alors que beaucoup de gens s’en moquent, que le phénomène pourrait ne pas être réversible et alors que la population mondiale continue de croître de plus de 80 millions de personnes par an, et donc d’autant d’émission en CO² ?

C’est là que je pourrais naturellement penser, et vous aussi :

« OK. On ne s’en sortira pas ».

Mais je garde espoir !

Pourquoi ?

Tout d’abord, parce que je garde à l’esprit que le réchauffement climatique, aussi grave que soit la menace qu’il représente, reste la conséquence d’un développement économique incroyablement positif pour l’humanité.

Depuis le début du XXe siècle, date à laquelle nous avons commencé à brûler massivement des carburants fossiles, la situation de l’humanité s’est considérablement amélioré.

En premier lieu, la misère a largement régressé, la proportion de personnes vivant dans la pauvreté (moins de 2 dollars par jour) étant tombée de 80% à moins de 20% aujourd’hui. La part de la population mondiale « sous-alimentée » est tombée à environ 10% (malgré une hausse ces deux dernières années) alors qu’elle était supérieure à 20% au début des années 90 et probablement encore plus élevée au début du siècle. L’analphabétisme dans le monde est également passé d’environ 80% en 1900 à moins de 20% aujourd’hui. Enfin, l’espérance de vie à la naissance est passée d’environ 50 ans en 1960 à plus de 70 ans aujourd’hui. Pas si mal…

Ne l’oublions pas. La vie d’une grande partie de l’humanité est devenue bien plus supportable, et le réchauffement climatique est probablement le prix à payer pour cela.

Attention ! Ceci ne signifie pas que nous ne devons pas nous en préoccuper, bien sûr que non, mais nous devons rester respectueux de ce que l’humanité a accompli. En clair : il n’y a pas à avoir honte de ce qui s’est passé, et l’humanité, à ce jour, continue de profiter de cette croissance économique. Tant mieux.

Deuxième raison de garder espoir: le réchauffement climatique est « relativement » lent. C’est exagéré bien sûr: il est extrêmement rapide, brutal, si nous le comparons à la durée de vie de la planète, mais seulement modérément rapide si nous le comparons à notre espérance de vie. Nous devons réagir fortement, mais nous ne devons pas paniquer. L’exemple de l’augmentation potentielle du niveau de la mer est significatif à cet égard. Le pire scénario du GIEC prévoit maintenant une augmentation moyenne des océans d’environ 1 mètre d’ici 2100. Bien que ce ne soit pas petit, et que ceci pourrait avoir des effets dramatiques tant par l’érosion côtière que par des inondations massives, nous avons encore du temps pour nous préparer, si nous nous y mettons tout de suite. Très sérieux, mais non désespéré.

Nous pouvons également garder espoir dans notre capacité à nous adapter si nous gardons confiance dans la créativité et la recherche. Dans tous les domaines liés au réchauffement de la planète, des gens inventent, créent et développent en ce moment même. Ils créent des moyens plus propres de produire de l’énergie, des moteurs plus économes en carburant ou sans carbone, des substituts de viande, de nombreuses améliorations de la construction…

Enfin, je pense que nous devons admettre que le réchauffement climatique pourrait aussi avoir quelques effets positifs. Le fait est que je n’entends parler du réchauffement climatique que comme une catastrophe, les journalistes se concentrant exclusivement sur les effets négatifs de ce phénomène. Il y a énormément d’effet négatifs potentiels, j’en conviens, mais n’y a-t-il vraiment aucun effet positif ? Je ne pense pas et nous devrions les étudier.

Pensez-y de cette façon :

Eut le monde été plus chaud de 3 ° C pendant des siècles, et ensuite, eut il commencé à refroidir rapidement, pensez-vous que tous les journalistes auraient acclamés ce changement dans la joie? Bien sûr que non, ils nous inonderaient de prévisions désastreuses (et probablement justes) de famine en raison de la baisse de la production alimentaire, d’augmentations brutales du nombre de décès pendant les hivers glacials à venir, de glaciation extrême de certaines régions et de certains courts d’eau, de baisse du niveau de la mer et de la disparition de nombreuses espèces…

Je ne veux pas dire que nous ne devrions pas nous soucier du changement climatique, nous le devrions vraiment. Mais je pense que se concentrer uniquement sur les effets négatifs est une façon négative, conservatrice, voire réactionnaire (« ahhhhh ce bon vieux temps où l’atmosphère était plus fraîche… ») de réagir à cette épreuve. Nous devons rester rationnels et nous demander si nous avons peur des effets du changement ou simplement du changement tout court.

Alors, au final, que pouvons-nous faire ?

Tout d’abord, nous devrions cesser de paniquer. C’est un problème très grave, il n’y a plus aucun doute là dessus. Les changements que le réchauffement va induire sur notre planète affecteront la vie de millions de personnes. Nous devons en être conscients et poursuivre nos efforts pour comprendre et maitriser ce phénomène. Mais nous devrions aussi cesser d’écouter les prédicateurs de l’apocalypse et rester rationnels. Garder notre sang froid. Aucun problème n’a jamais été résolu en pleurant et tapant du pied. Quand je vois des manifestants défiler en France « contre le réchauffement climatique », je n’arrive pas trop à comprendre là où ils veulent en venir.

Les scientifiques doivent être écoutés car des solutions sérieuses ne seront trouvées que si nous acceptons le fait que nous ne retournerons probablement jamais au « bon vieux temps » de l’ère préindustrielle, et que nous restons positifs, rationnels et constructifs.

La vraie question n’est pas « Comment pouvons-nous arrêter le réchauffement, c’est trop effrayant ! » mais plutôt : « Comment pouvons-nous le limiter et en maitriser les effets sachant que nous ne pourrons probablement pas l’éviter totalement? »

Dans cette optique, nous devons bien sûr continuer à négocier un accord sur une stratégie visant à limiter le réchauffement à un niveau prévisible, dont les effets négatifs pourraient être traités et les effets positifs utilisés à notre profit.

Ces négociations ne devraient pas seulement porter sur la réduction des émissions par habitant, mais également sur la croissance démographique. Pour être parfaitement honnête, ma femme et moi attendons notre 4ème enfant, et je dois donc admettre ma faute à ce sujet. Mon pays d’origine, la France, nous aide beaucoup dans ce projet, financièrement et moralement. Les états, dont le notre, favorisent la croissance démographique, synonyme géopolitique de puissance grâce au poids économique, à l’expansion culturelle ou même à la puissance militaire.

Mais notre planète commence à montrer des signes évidents et massifs de surpopulation, et le réchauffement climatique en est un (les déchets et l’épuisement des ressources en sont d’autres). Il est donc très important de s’entendre aussi sur ce sujet.

A titre d’exemple, et pour simplifier à l’extrême, des pays comme les États-Unis, où la transition démographique est finie mais les émissions par habitant sont très élevées, pourraient convenir de réduire ce ratio en échange pour les pays en développement à forte croissance de la population d’un engagement à poursuivre activement leur transition démographique. Ceci avec des objectifs plus modestes de limitation des émissions par habitant.

Bien entendu, nous devrions également continuer de soutenir la recherche.  Ceci sur tous les sujets liés au réchauffement climatique, en mettant clairement l’accent sur les sources d’énergie non fossiles, et avec une ouverture d’esprit totale à ce sujet.

Quand je parle d’ouverture d’esprit, je parle de sources renouvelables qui ne sont pas assez rentables aujourd’hui ou de projets de fusion nucléaire qui ne fonctionne pas et pourraient ne jamais fonctionner. Je parle d’accepter de financer des projets de recherche qui n’aboutiront peut-être jamais. Je parle de ne pas refuser le nucléaire traditionnel sans avoir de solution de remplacement en dehors du charbon, je parle d’accepter qu’on puisse installer des éoliennes sur le champs en face de vous. Pas si facile…

Avec la modération démographique, la production d’électricité non carbonée est en effet l’un des deux piliers d’une stratégie sérieuse de lutte contre le réchauffement. Nous devons cesser d’être politique à ce sujet. Et oui, vous l’avez bien compris, cela signifie aussi d’y consacrer votre argent par le biais de taxes ou d’investissements que vous pourriez ne jamais récupérer.

Enfin, nous devons commencer à parler sérieusement du « et si? ». Nous devons commencer à nous préparer aux conséquences probables, comme aux opportunités potentielles. En bref, nous devons nous préparer à nous adapter, que nous le voulions ou non. Le réchauffement climatique se produit et nous ne pourrons probablement pas en éviter toutes les conséquences. Ceci ne signifie absolument pas que nous devrions cesser de le combattre, mais nous devons être réalistes, ce qui signifie cesser de nous concentrer uniquement sur la réduction des émissions, mais aussi travailler dur sur des solutions d’adaptation.

Entre autres choses, les villes côtières doivent continuer de financer et d’exécuter un plan d’adaptation aux probables inondations et érosions à venir. Les états devraient prévoir immédiatement le financement sérieux et continu d’un fonds de réserve et de préparation aux catastrophes naturelles, probablement plus fréquentes à l’avenir. Ils devraient mettre en place des incitations économiques aux déplacement progressif des populations vivants dans des zones à risque. L’approvisionnement en eau est une préoccupation majeure face au réchauffement et son expansion devrait être une priorité absolue. L’agriculture devrait se préparer au changement des rendements relatifs à venir… etc…

Comme vous pouvez le lire, quand on parle adaptation on parle immédiatement financement. Ce qui signifie en clair détourner des sommes importantes de notre bien-être quotidien pour l’investir dans le climat. Donc, oui, je crois que nous pouvons réagir positivement au réchauffement climatique, en le limitant ET en nous adaptant à ses conséquences, mais il n’y a aucun moyen d’éviter de cette vérité:

D’une manière ou d’une autre, cela nous coûtera. Mais nous pouvons et allons trouver une solution.

2 réflexions au sujet de « Réchauffement climatique. Mais que pouvons-nous y faire ? »

  1. Global warming or cooling is a real general earth issue that has been studied by many world scientists for many years.
    Not to be mixed with new unusual meteorological facts that are observed as local issues, and that are very likely results of the global warming.
    Anyway, beyong political moves that will not take care scientifically of the problem, it is probably a wise idea to eliminate/reduce any source of pollution.
    The question is really then energy; which one should be favored and who is entitled to define what is clean energy ?

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